de Caluwe Christian


Né en 1946 en Ariège, Christian de Caluwe se passionne dès l’adolescence pour l’hermétisme et ses liens avec la poésie et la littérature. Initié en 1971, il explore tout au long d’une riche trajectoire maçonnique la diversité des rites dans leur dynamique évolutive.

Après une carrière au sein d’un laboratoire pharmaceutique, où il se spécialise dans les neurosciences, il renoue avec ses premières amours en poursuivant des études sur les méthodologies de l’imaginaire grec et latin à l’Université Via Domitia de Perpignan.

Auteur de La neuropoïétique ou créativité poïétique en neuromodulation de fréquence, un essai sur les neurosciences, il publie également dans Historia Occultae et s’intéresse au dialogue entre sciences humaines, neurosciences et physique quantique. Ancien comédien amateur, il explore aujourd’hui les dimensions secrètes du théâtre et des rites initiatiques qui l’inspirent.

Texte de Rémi Boyer en préface d’Historia Occultae concernant Christian de Caluwe Christian de Caluwe est l’un des rares chercheurs capables de mettre la démarche universitaire au service d’une pensée traditionnelle, philosophique et métaphysique, dans les pas de penseurs comme Leonardo Coimbra, Henry Corbin, Robert Amadou, Gilbert Durand, Lima de Freitas qui, chacun en leur style propre, ont tenté et réussi une certaine alliance entre sciences et disciplines traditionnelles. À ces noms, il convient bien évidemment d’ajouter celui de Joël Thomas[1] qui fut son mentor et l’introduisit aux subtilités de l’exploration des mythes.

Sa culture scientifique, il est spécialiste en neurologie, associée à sa culture classique, sa connaissance des auteurs anciens, grecs, latins et autres, lui permettent de parcourir des sentiers peu fréquentés, voire d’en ouvrir de nouveaux dans la gaste et vaste forêt des mythes. Henri Laborit, en son temps, nous avait averti qu’il faudrait plusieurs siècles avant qu’une véritable science du cerveau soit établie. Nous pouvons pressentir grâce aux progrès exceptionnels des dernières décennies, que cette science ne pourra faire l’impasse sur des questionnements et des méthodologies métaphysiques, comme sur des études des structures des imaginaires et mythologismes, pour approcher la nature de la conscience. Christian de Caluwe a déjà démontré, à travers deux ouvrages, La Neuropoïétique[2] et Théâtres et initiations[3] que cette ouverture seule, aussi vitale que passionnante, permet de s’extraire de paradigmes scientifiques étouffants pour initier à de nouvelles voies de recherches.En rassemblant ses contributions à la revue Historia Occultae, les Éditions de l’œil du Sphinx nous permettent d’apprécier la démarche et d’en mesurer la pertinence dans un monde de substitutions et d’illusions tombé, béatement, à genou devant la société du spectacle que dénonçait, voici plus d’un demi-siècle, Guy Debord[4], alors visionnaire. C’est ainsi que l’histoire, qui est avant tout une littérature, prétend nous dire des vérités qu’elle confond avec les faits, eux-mêmes confondus avec les réalités ou que la psychanalyse, principalement freudienne ou lacanienne, veut se loger dans les lieux où seules les disciplines traditionnelles font sens. Christian de Caluwe n’oublie jamais le souci épistémologique qui rassemble disciplines scientifiques et disciplines traditionnelles : que savons-nous ? comment le savons-nous ? Le langage même, dans un usage non-aristotélicien, nous permet de toucher l’expérience fondatrice derrière la structure de surface qu’est la communication. C’est là, justement, la fonction première des mythes, qui sont paroles, murmurées, vociférées, perdues, retrouvées ou silencieuses, toujours révélatrices.

La pluralité des thèmes abordés permet d’approcher une méthode de travail et de pensée à la fois rigoureuse et créatrice. Tous les grands chercheurs savent se libérer des excès de la méthode scientifique par quelques « fantaisies[5] » libératrices. Il n’y a pas de découvertes sans erreurs, il n’y a pas non plus de découvertes sans intuitions. L’alliance, beaucoup plus naturelle que nous pourrions le croire, entre sciences et arts est une clé de notre réalisation et peut-être, de manière plus prosaïque en ces temps sombres, une clé de notre survie, physique, psychique et spirituelle.

Le monde qui vient, il se pourrait que cela soit à grands pas inattendus, exige un renouvellement de la pensée et de l’action initiatiques, un retour à la source libertaire de toute voie d’éveil, une spiritualité affranchie de toute contrainte formelle, une réunion dynamique des opposés, une curiosité bienveillante pour l’altérité… Tout ceci, vous le trouverez dans les travaux très élaborés de Christian de Caluwe mais aussi dans la poésie de ses mots choisis, voire entre ses lignes.


[1] Professeur émérite de Langue et Littérature latines à l’Université de Perpignan-via Domitia.
[2] Caluwe (de) Christian. La Neuropoïétique. Créativité poétique en neuromodulation de fréquence. ‎ Londres, Éditions universitaires européennes, 2014.
[3] Caluwe (de) Christian et Langinieux Michel. Théâtres et initiation / Le lieu d’où l’on regarde. Aubagne, Éditions La Tarente, 2018.
[4] Debord, Guy. La Société du Spectacle. Paris, Éditions Buchet-Chastel, 1967.
[5] « imagination » selon l’étymologie latine, « apparition » selon l’étymologie grecque.

Quelques publications

Ses Conférences aux Rencontres de Berder :

  • Berder 2023, juin n° 20 – Orphée et Eurydice : de la légende orale à l’écriture.

Laisser un commentaire