Lettre n°14 mai 2025

« Il n’y a pas de futur sans liberté de parole » (Ohran Pamuk)

Maurits Cornelis Escher, Bond of union (Lien d’Union), 1956, extrait.

Mise en abyme

Conférences et rencontres les 12, 13 et 14 septembre 2025
à l’Abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer (22750)

Pour commander votre séjour, cliquez sur le lien Réservation

Il s’agit d’insérer en miroir, une forme, un objet, une formule ou un symbole, dans une même forme, un même objet, une même formule ou un même symbole, et cela de manière répétitive jusqu’à l’infini. Ce qui semble n’être qu’une figure de style est en réalité l’illustration symbolique des cycles de la vie. Certes, on en retrouve un principe élargi dans d’innombrables œuvres qu’elles soient littéraires, picturales, gravées ou photographiques, cinématographiques, musicales, mathématiques ou géométriques ; mais ce principe est d’abord métaphysique, dont le concept hermétique est symbolisé par l’axiome : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ; et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d’une seule chose. » Ces figurations du monde céleste et terrestre, l’une étant l’écho de l’autre, mais qui n’en font qu’une, sous-tend le rythme d’un déroulé répétitif qui s’écoule dans les deux sens, dont la finalité nous ramène au point de départ, comme une bande de Möbius, dont l’envers et l’endroit est le même objet. Ce qui nous conduit à considérer les cycles du vivant et leurs rigoureuses répétitions comme une mise en abyme cosmique.

Julien Pichon
Dans le labyrinthe des sciences : miroirs, doubles et vertiges

La mise en abîme, bien connue en littérature et en art, a-t-elle sa place dans les sciences ? Que signifie-t-il, pour une loi physique, de se refléter dans une autre loi ? Peut-on parler de mise en abîme lorsqu’un système contient en lui-même une image réduite de son propre fonctionnement ? Que découvrons-nous sur le monde — et sur nous-mêmes — lorsque nous observons les échos, les récurrences et les jeux d’échelle qui structurent le savoir scientifique?De l’infiniment petit à l’infiniment grand, des fractales aux théorèmes d’incomplétude, des dimensions cachées aux univers simulés, cette conférence propose une exploration transversale de la mise en abîme comme moteur de réflexion dans les sciences contemporaines. Une invitation à regarder les sciences comme un miroir — parfois déformant, parfois vertigineux — tendu entre la nature, l’abstraction et notre propre regard.

Rémi Boyer
Le Don Quichote de Cervantes, un immense et complexe jeu de glaces

Don Quichotte est tout à la fois un personnage populaire, présent peu ou prou dans nos imaginaires, et le compagnon de route de tout individu qui s’engage résolument dans une queste initiatique. Nous considérons que l’œuvre de Cervantes défend et exalte la chevalerie errante, seule chevalerie réellement initiatique, usant du principe hermétiste du renversement dionysiaque qui veut que l’on dénonce, ou que l’on moque, ce que l’on promeut. Cervantes écrit à rebours tout comme Don Quichotte vit à Rebours. Il est un silène. Nous nous proposons ici de porter un troisième regard traditionnel sur cette œuvre magistrale, après ceux de la kabbale et de l’alchimie, celui des voies d’éveil, à partir de quelques mises en abyme choisies. Parmi les très nombreux enchâssements mis en place par Cervantes dans son œuvre, les mises en abîme sont très présentes. Elles peuvent paraître à certains commentateurs comme décalées, voire inutiles, elles sont en réalité des approfondissements des thèmes développés ou des principes de liberté défendus ou exaltés dans le livre et étendent encore l’inouïe galerie de miroirs érigée par Cervantes. N’oublions pas que nous sommes dans un immense et complexe jeu de glaces destiné à nous perdre pour mieux nous retrouver, accomplis et réalisés.

Lauric Guillaud
Qui redoute le gouffre va au gouffre. Omniprésence des ultra-caves et des abîmes chthoniens dans l’imaginaire cinématographique occidental

The Descent de Neil Marshall (2005), a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans le monde du cinéma d’horreur. Le film, qui conte l’expédition spéléologique de six jeunes femmes, réussit le pari de renouveler l’horreur contemporaine tout en s’inscrivant dans un sillon littéraire et cinématographique où l’on reconnaît pêle-mêle le souvenir de Jules Verne, certaines œuvres de Stephen King ou des classiques du cinéma de genre. Les lois du monde progressiste y sont abolies : la technologie s’efface et la barbarie s’installe. Le tissu logique se déchire, la peur du « sous-humain » se glisse dans les « bouches d’ombre » et les « caves sous-humaines », tandis que s’effondrent des pans entiers de notre société. 
On trouve dans les œuvres spéléennes des mises en abyme des cauchemars à venir : recouvrement de la mémoire perdue, descente dans un passé enfoui, sans doute maudit, remontée dans une Histoire clandestine qui ne peut se révéler qu’au prix d’une catabase. Au fond de l’abîme git le « peuple d’en-bas », jadis évoqué par Jack London. Les réalisateurs comme Marshall, fidèles à l’esprit de Stephen King, emploient des monstres pour mieux faire parler les hommes ; des monstres qui révèlent la coexistence de plusieurs réalités sous le visage humain. Le nouveau cinéma d’horreur décrit par le menu les châtiments réservés aux imposteurs de l’image et du politiquement correct. Car la véritable monstruosité est à rechercher d’abord dans l’homme. « Le monstre, c’est nous-mêmes », écrivait Peter Straub. 

Jean-Christophe Pichon
Le double salto d’Apocalypse Now à Mégalopolis (Francis Ford Coppola). 

Les 24 images secondes du cinéma censées reproduire le vivant déroulent une mise en abyme de notre imaginaire. Pour Coppola, il ne s’agit pas seulement de simuler l’existant, mais de figurer en miroir les cycles qui rythment le temps. Certes, Apocalypse Now, est une interprétation du livre de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, mais c’est surtout une représentation des grands cycles mythologiques et spirituels dont la tradition remonte à Babylone, voire au-delà. Mégalopolis étant, quant à lui, le symbole circulaire de l’Apocalypse qui régulent ces mêmes cycles. Ces deux films sont complémentaires, l’un nous projetant dans l’espace (les lieux) et l’autre dans le temps (le futur). S’il a fallu quarante-cinq ans pour aboutir de second, son élaboration avait déjà été planifiée juste après la réalisation du premier. La réunion de ces deux films qui s’emboitent l’un dans l’autre constitue la mise en abyme de l’œuvre d’une vie. Cette conférence décode les mythes sous les images, et situe Francis Ford Coppola parmi les réalisateurs d’exception dans le panthéon du septième art.

Nicolas Pichon
Zéro : sur les traces d’une invention révolutionnaire

De l’ancienne Mésopotamie à nos jours en passant par la renaissance européenne, l’histoire du nombre zéro est foisonnante et complexe. Elle est au cœur de l’émergence des mathématiques modernes. Elle raconte aussi, en creux, les transformations métaphysiques autant que techniques d’une société qui s’apprête, pour un temps, à éclairer le monde.
Nous retracerons d’abord les origines épiques du nombre zéro, de sa lente émergence, il y a plusieurs millénaires, à son intégration complète dans la culture européenne renaissante. Nous poursuivrons cette exploration en présentant certaines inventions mathématiques remarquables dérivées de zéro. En particulier, nous verrons comment le calcul différentiel et intégral naissant a réinventé à la fois le zéro et l’infini en introduisant le concept des nombres « infiniment petits ».

Silvanie Maghe
La mise en abîme ou le vertige machinal

L’élaboration d’un système machinal pour décoder une œuvre est le début de la mise en abîme de cette œuvre. Cette réflexion sera développée à partir d’un poème d’Emily Dickinson :
« J’ai assez respiré pour en saisir le Mécanisme / Et maintenant, privée d’Air / Je simule si bien le Souffle / Que d’Aucuns, pour être tout à fait sûrs.
Les Poumons étant immobiles / doivent descendre / Parmi les cellules rusées / Et mettre / Eux-mêmes – le doigt sur le Pantin / Comme les Soufflets, sont engourdis ! »

Christian Lestienne
Jung voyage derrière le miroir
À travers cet exposé, nous visiterons le processus d’individuation derrière le miroir du narcissisme et la descente dans les profondeurs vers le Soi qui est Centre et Image du Divin en évolution ! Jung attendait le Verseau par les profondeurs. Nous examinerons sa vie à la lumière de sa vie. 150 ans après sa naissance ; il nous aide à comprendre l’époque contemporaine dans son passage à vide… à l’instar de Jean-Charles Pichon…

Katia Belalimat 
Contes de Nasreddin Hodja

Charlotte-Rita
récite quelques poèmes

*****

Le Collège des Temps
Adhésion annuelle à l’Association des Portes de Thélème : 40 € 
(Elle donne droit à la gratuité des Comptes-Rendus des Rencontres de Berder). 
Une adhésion annuelle groupée Ass. Les Portes de Thélème/Ass. de l’Œil du Sphinx est proposée au prix de 65 €. 

Pour tous renseignements complémentaires : Association des Portes de Thélème
14 place du Forum, 87000 Limoges 06 81 15 81 99 Marie Chantal Narceau lesportesdetheleme@gmail.com

Le Collège des Temps www.lecollègedestemps.fr
Vous y trouverez toutes les informations concernant les conférences de Berder. 
Vous pourrez acheter les ouvrages que nous publions ou coéditons, et adhérer à notre association. 
À voir également : http://www.jeancharlespichon.com

Laisser un commentaire