Peinture de Silvanie Maghe
Silvanie Maghe – La mise en abîme – Comme les soufflets sont engourdis .
Rencontre de Berder 12-13 septembre 2025.
Quand j’ai appris que « La mise en abyme » était la thématique choisie pour les rencontres de Berder, je me suis remémoré ce poème d’Emily Dickinson :
J’ai assez respiré pour en saisir le Mécanisme –
Et maintenant, privée d’Air –
Je simule si bien le Souffle –
Que d’Aucuns, pour être tout à fait sûrs –
Les Poumons étant immobiles – doivent descendre
Parmi les cellules rusées –
Et mettre – Eux-mêmes – le doigt sur le Pantin,
Comme les Soufflets, sont engourdis !
Face à une telle coïncidence il me parut évident de m’approprier ce poème pour deux raisons : la première, décrire le processus d’illustration d’un texte qui parle de mise en abyme, et la seconde, choisir ce poème pour clôturer ma série de douze poèmes, instaurée comme base pour mettre en images l’entièreté de l’œuvre d’Emily Dickinson.
Ce double engagement amorcé, la première tâche fut celle d’entériner le jeu de mise en abyme dans ce poème :
Je = Emily Dickinson a toujours utilisé ses poumons pour respirer.
Ses poumons périclitent.
Les cellules rusées des poumons et Emily ont la mémoire du mécanisme de la respiration.
Fin du cycle, relancé par la remise en fonction du pantin approximatif facsimilé des poumons dont les soufflets sont engourdis.
Ce poème décrit la disparition du souffle, de la désintégration du mécanisme respiratoire et conclut par l’amorce d’une relance. Ce n’est pas un basculement mais plutôt un enchâssement qui se rétracte verticalement vers sa disparition. Il n’est pas question de l’échappement de la Forme Vide classique, il n’y a pas de déplacement latéral pour renouveler sa structure désincarnée mais un acharnement qui s’effondre dans l’abyme et qui redémarre grâce à l’infime toujours habité. Emily maintient le mécanisme en l’investissant sous tous ses angles et en l’organisant à partir du centre de sa chambre où ses écrits recouvrent sa vision du monde.
Ce poème est le douzième que j’illustre dans mon travail sur l’œuvre d’Emily Dickinson en cours, et il terminera la série qui servira de matrice pour élaborer les autres visuels. Mon but est d’établir une correspondance visuelle aux 1789 poèmes d’Emily.Tous les poèmes ne seront pas illustrés un à un ; mon souhait est de créer un volume climatique graphique qui réponde aux « Poésies Complètes » d’Emily Dickinson, traduit par Françoise Delphy….
Vous pourrez lire la suite dans la brochure Les comptes rendus de Berder 12-13 septembre 2025. Les 12 poèmes et les illustrations de Silvanie Maghe.
