Visioconférence du 27 novembre 2021
Par Jean-Christophe Pichon
Vous pouvez lire le texte en intégralité dans le compte rendu des Rencontres de Berder n°18.
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EXTRAIT
À cette époque (2003/2004), je rencontrais régulièrement, dans une maison de la banlieue de Paris, une des auteures (‘trice’, si l’on veut faire référence à Hildegarde de Bingen) que je publiais.
‘Madeleine’
Elle me présenta une amie ‘voyante’ que nous appellerons ‘Madeleine’. Une femme enveloppée, au regard d’enfant, qui vivait dans le plus grand dénuement, presque dans la misère. Nous prenions place dans une petite cabane au fond du jardin qui bordait la maison. Elle tirait les tarots et m’annonçait, à chaque carte dévoilée, les menaces qui planaient au-dessus de ma tête, les heureux ou tristes évènements qui m’attendaient au détour d’un temps à venir :
— Tu vas revoir une des deux personnes à qui tu tiens beaucoup, le plus jeune frère, celui que tu n’as pas revu depuis longtemps. Je vois une brouille entre vous. Vous allez vous rencontrer dans un restaurant… Vous réconcilier… Ça va arriver maintenant… Je ressens une grande émotion, vous tombez dans les bras l’un de l’autre… Je vois de la lumière… Je vous vois…
Cette prédiction lumineuse n’était à priori pas réalisable. Je rencontrais régulièrement un des deux frères qu’elle semblait évoquer, le plus jeune, il ne pouvait donc pas s’agir de lui.
Et, il n’y avait que très peu de chances que je revoie l’ainé, avec lequel je n’avais plus de contact depuis longtemps, qui refusait de me rencontrer. Et dans tous les cas, une rencontre à très brève échéance comme le prédisait ‘Madeleine’ n’était pas vraisemblable : il vivait en Bretagne, loin de moi et de ma famille.
Le lendemain de ce prodigieux entretien, un ancien fournisseur me téléphona, un imprimeur numérique avec lequel j’avais longtemps travaillé, assisté par ce frère éloigné, que nous nommerons L., dont il était alors peut-être question.
— Jean-Christophe, me dit-il, j’ai reçu un coup de fil de L… Il est à Paris… Si tu souhaites le voir, je te donne son numéro de portable.
L’improbable se produisit alors. J’invitais L. à déjeuner dans un petit restaurant de la rue Saint-Sabin ; les rayons du soleil matinal éblouissaient la table que j’avais réservée près de la fenêtre qui donnait sur la rue (la même place où je déjeunais de temps en temps en compagnie de Jean Parvulesco). Nous étions assis là, débordant du bonheur de se redécouvrir.
Cette perturbante confrontation avec la ‘voyance’, la divination ou la prophétie, comme on voudra, à l’échelle du quotidien ne m’était pas coutumière. De mon point de vue, elle entrait, avant ce jour particulier de la concordance des temps, dans la catégorie du charlatanisme ; de la lecture des lignes de la main.
‘Madeleine’ n’était pas de cette nature, elle ne lisait pas, elle avait des visions : la fenêtre, la lumière, la table de l’auberge, et des sensations : l’intensité de l’émotion. Ainsi que ceux qui voient apparaître des objets, des OVNIS, des dames blanches, des dragons, des licornes, des formes humaines ou non qui surgissent peut-être de l’avenir ou du passé. Disons des ‘merveilles’. Ou bien simplement de l’esprit, qui serait alors capable de formater le futur, sinon de le prédire. Elle vit (et crut) que L., qu’elle ne connaissait pas, dont elle n’avait jamais entendu parler, était le plus jeune de la fratrie, malgré son plus grand âge, la quarantaine passée, car elle le voyait immature : fragile, replié sur lui-même, étouffant une exceptionnelle intelligence ; asocial jusqu’à l’intolérance obsessionnelle. La vision de ‘Madeleine’ était indiscutable, car je rencontrais L. comme elle l’avait prédit, mais théoriquement fausse, car il n’était pas exactement celui qu’elle avait vu.
Le plafond de la Chapelle Sixtine : un rébus.

Une stricte composition d’histoire de la prophétie.
De la même manière qu’un ‘objet’ nécessaire apparaît brusquement sans qu’on l’ait voulu, je tombais, au hasard de ma recherche autour de la vie et l’œuvre de Nostradamus (le sujet initial de cette conférence), sur une reproduction du plafond de la Chapelle Sixtine peint par Michel-Ange. Cette gigantesque fresque, considérée comme une œuvre magistrale de la Renaissance, figure parmi les œuvres picturales les plus importantes de notre histoire.
J’en fis, alors, une lecture différente de celle que j’en faisais, quand je la considérais seulement comme une magnifique prouesse picturale.
Cette fresque m’invita à une relecture de son agencement. Elle m’apparut alors contenir un autre message (que celui qu’on nous enseigne, à savoir que cette œuvre n’aurait eu pour unique finalité de nous montrer les ancêtres juifs du Christ).
Il me sembla que la construction de cette fresque illustrait la problématique qui nous intéresse aujourd’hui : le mystère de la prophétie.
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Je viens de lire cette conférence que je trouve très passionante , serait il possible d’acheter le numéro de la revue correspondante
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