Existe-t-il une philosophie de la verticalité

Pichon Julien – Existe-t-il une philosophie de la verticalité – CR Berder 2024 n°21

Certaines questions naissent souvent après une rencontre. Moi ce fut celle avec une ostéopathe. Dans le cadre de mon métier de conseil en propriété industrielle, je suis amené à rencontrer des « inventeurs », elle, elle avait inventé une méthode pour identifier et qualifier les pertes d’attention chez les enfants à partir d’une solution mettant en œuvre un algorithme d’intelligence artificielle. Lors du rendez-vous, en guide d’introduction à son propos, elle a présenté l’histoire du redressement de l’Homme à travers les âges depuis qu’il est singe. Accroche réussie, car je me sentais happé par sa démonstration toute en agitation. Une chose étonnante résultait, certains problèmes d’attention chez l’enfant proviennent d’une ligne de regard, trop basse ou trop haute. Il existe un horizon même dans une classe d’école.

Pendant qu’elle parlait, je me rappelais certaines choses que j’avais lues ou entendues sur la médecine chinoise, notamment en ce qui concerne l’approche globale du corps dans son ensemble. Un petit écart ici peut engendrer une grande perturbation ailleurs. En occident, si vous avez mal au coude, vous soignez le coude. En Orient, si vous avez mal au coude, on cherche de manière systémique la cause et on soigne la cause, peut-être dans cet exemple : le talon. Démarche contre-intuitive ? Pas tant que ça. Le corps ne fait qu’un et le considérer comme un tout aboutit à évaluer le raisonnement logique. L’effet papillon dans le corps humain ! Les troubles de l’attention chez l’enfant peuvent provenir d’une posture ou d’une position mal négociée.

Rappelez-vous du « tiens-toi bien », je pense que chaque enfant a déjà entendu cette phrase, bienveillante, si chacun la prononce en veillant à ce qu’elle apporte du meilleur chez l’enfant. 

De là est née cette question sur cette notion de la verticalité : n’existe-t-il pas une philosophie de la verticalité ?

Cette notion me semble être un voyageur transversal parmi plusieurs domaines de la connaissance.

Qu’est-ce qui fait qu’une notion est un sujet de philosophie ? Est-ce le fait qu’on peut y ranger des choses, des sous-catégories ? Ou est-ce le fait que le sujet puisse être soumis à une critique, un débat ou un échange de points de vue différents ? Est-ce parce que cette notion traverse les temps ? Ou qu’elle se rapporte au champ de la pensée de l’Homme ? Ou encore qu’on la retrouve dans d’innombrables domaines ? 

Cette notion coche toutes les cases de ce questionnaire, alors pourquoi n’existe-t-il pas une philosophie de la verticalité ?

Pour autant, peu d’écrits et peu de grands penseurs abordent le thème de la verticalité en tant que tel. Il ne me semble pas avoir trouvé une théorie de la verticalité ou un recueil d’écrits synthétisant cette notion ou ce concept. Cette notion, toujours évoquée, notamment en géologie, en alpinisme, en architecture, en théologie, en biologie, etc. ne semble n’avoir jamais été étudiée. Sans y mettre plus d’importance que cela, je l’interroge.

La « verticalité », on la nomme rarement, néanmoins on en fait l’expérience tous les jours. C’est la dimension d’un voyage qui a fait l’être humain et bien d’autres êtres vivants. Ce qui vit s’érige, et ce celui qui s’érige sous le feu de la vie construit des choses verticales. Puis, des choses verticales naissent les plus grands mythes et les sociétés elles-mêmes qui évoquent cette notion.

D’où nous vient le désir d’ériger des tours de plus en plus hautes ? Que vont chercher les alpinistes et les grimpeurs en haut d’une montagne ? Nous aspirons à nous élever comme si cela était une destinée. Les défenseurs de l’extropisme ou du transhumanisme peuvent voir dans cette lente élévation qu’un point de passage pour quitter la Terre.

Arbres, plantes, montagnes, menhir, statues, monuments et gratte-ciel se dressent naturellement ou à la main de l’homme. Mais la main de l’homme n’est-elle pas le prolongement de la nature ? 

Pour lire la suite se reporter au Recueil des conférences de Berder 2024 n°21

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