2018 – Lettre ouverte à un ami guénonien sur le sens des temps de Geneviève Béduneau

Geneviève Béduneau – Berder 2018

Lettre ouverte à un ami guénonien sur le sens des temps

On fait souvent allusion aux cycles comme à une spirale. Cette image est intéressante parce qu’elle suppose que jouent ensemble deux perceptions du temps et cela rejoint le vocabulaire des peuples de l’antiquité profonde qui parlaient toujours des temps, au pluriel. L’idée d’un temps, au singulier, est relativement récente. On la trouve chez les grecs et sa première occurrence date du VIe siècle avant notre ère. Et encore, il s’agit d’une expression pour rendre le passé lointain. Donc ce qui nous vient de mémoires traditionnelles, c’est l’idée de temps complexe. Imaginons un gamin sumérien. Son expérience vécue du temps va faire la synthèse de plusieurs réalités. D’abord il y a le temps des événements irréversibles : on naît, on grandit, on vieillit, on meurt et jamais la fleur ne redevient bouton, jamais l’enfant ne rentre dans le sein de la mère, jamais la cruche cassée ne

se recolle seule. C’est le temps des généalogies dans les chants mémoire des peuples : Untel fils d’Untel fils d’Untel… Il n’y a d’ailleurs pas que des malheurs dans ce temps « linéaire » car c’est bien de cela  qu’il s’agit. Et puis, il y a le temps cyclique lié aux astres, temps diurne et nocturne, temps saisonnier, temps de l’année, temps des événements qui reviennent régulièrement. C’est le temps des étoiles, du soleil et de la lune. Si notre gamin est un adolescent du temple, il sait que ces retours s’entremêlent de manière assez complexe. C’est le temps que l’on mesure, que l’on repère, le seul d’ailleurs qui puisse alors se mesurer avec exactitude. Enfin, il y a le temps de la conscience, celui qui semble long dans la douleur et s’évapore dans la joie. Voire le temps immobile de l’extase.

J’ai pris l’exemple d’un jeune sumérien, mais cet exemple est relativement trompeur. Il faut remonter encore plus loin dans le passé, au magdalénien, du côté des grottes peintes. Tous les préhistoriens admettent maintenant que notre ancêtre de l’époque se préoccupait du calendrier : on a retrouvé des os gravés que l’on a pu identifier comme des calendriers lunaires. Mais ce que personne à ma connaissance n’a souligné, c’est que ce comput lunaire n’avait aucune utilité pratique. Pour la cueillette, il vaut mieux regarder où en est la végétation et, pour la chasse, se fier à l’odeur du vent, aux traces, aux brisées et aux laissées. Une surprise encore plus grande nous attendait dans la grotte des Combarelles. On y trouve 116 chevaux : en jours, c’est la révolution synodique de Mercure et la demi-révolution sidérale de Vénus ; 19 ours : c’est le cycle luni-solaire de Meton, le nombre d’années nécessaires pour que les phases de la lune reviennent au même jour de l’année solaire ; 14 rennes : c’est un nombre de calculs qui permet d’harmoniser le cycle de Meton avec le cycle de Vénus. Bizarre, pour des chasseurs-cueilleurs que la doctrine officielle nous présente comme ignorants de l’univers.

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